En France, ces dernières années ont été marquées par une paupérisation accrue de la population et par un affaiblissement des liens sociaux, qui vient aggraver ce phénomène. Selon l’Observatoire des inégalités, le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté en France a augmenté de 50% entre 2005 et 2015, soit 8,8 millions de personnes selon l’Insee, qui rappelle dans le même temps que le nombre de personnes sans-abri a augmenté de 50% entre 2001 et 2012. Rien qu’à Paris, la Nuit de la solidarité, en février dernier, a permis de recenser au minimum 3 000 personnes sans-abris, dont entre 12 et 22%, selon des estimations, sont des femmes.
Mais la rupture des liens sociaux a aussi des conséquences sur le nombre de jeunes mis à la porte de chez eux, ou sur les personnes âgées, de plus en plus isolées lorsqu’elles sont à leur domicile et qui pâtissent ensuite du manque de moyens humains dans les maisons de retraite médicalisées. Des difficultés qui touchent également le champ du handicap, comme le montre le manque de places pour les accueillir dans des structures adaptées, certaines personnes handicapées étant obligées d’aller à l’étranger pour être accueillies. Engagée en France au service des plus fragiles depuis plus de 130 ans, l’Armée du Salut ne pouvait pas rester les bras croisés dans ce contexte social alarmant.
En parallèle, l’Armée du Salut ne peut que constater à quel point le secteur social et médicosocial est largement touché par des coupes budgétaires qui remettent en cause ses actions.
Face à ces nombreux défis sociaux et financiers, la mobilisation de la société en général et des entreprises est désormais essentielle. La création d’un système plus responsable et soucieux du bien commun est devenue un impératif et le recours à la générosité privée primordial. Mais la réforme de 2018 avec le passage de l’Impôt de Solidarité sur la Fortune (ISF) à l’Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI) a conduit à une baisse importante des dons privés. Dans ce contexte budgétaire difficile, la Fondation de l’Armée du Salut se devait de réagir, aussi bien pour mettre en valeur des projets sociaux innovants nés du terrain, que pour renouveler ses modes de collecte.
L’idée de la Nuit de la Philanthropie est née au début de l’année 2018. Elle a été mûrie et enrichie dans l’optique de réunir, en un seul et même lieu, les acteurs de terrain de l’Armée du Salut et des donateurs potentiels. Cette initiative présente plusieurs avantages. Tout d’abord celui de partager l’expérience de ces acteurs de terrain et également de présenter leurs idées concrètes, pour améliorer le quotidien des plus fragiles.
L’Armée du Salut a formé, pour cette occasion, un Comité d’ambassadeurs constitué d’une quarantaine d’acteurs. Ils sont aussi bien bénévoles que chefs d’entreprises ou donateurs. Les ambassadeurs se sont engagés aux côtés de l’Armée du Salut, dès le mois de septembre, pour participer à la sélection des différents projets. A la tête du Comité d’ambassadeurs se trouve M. Louis Gallois, actuel Président de la Fédération des Acteurs de la Solidarité (FAS) et Président du Conseil de Surveillance de PSA Peugeot Citroën.